Le
pire des programmes
contre les retraites : Macron !
Aucun-e
candidat-e n’était allé-e aussi loin dans la remise en cause de
notre système de retraite. Nous avons connu et nous voyons
encore des candidat-es proposant d’équilibrer les comptes de
retraite en reculant l’âge de départ pour verser la pension le
plus tard possible, en allongeant la durée de cotisation pour
baisser les pensions (la durée moyenne d’années validées reste
de 37 ans, plus la durée exigée est élevée, plus la pension
diminue et subit en plus la double peine de la décote). Dans les
faits, Macron c’est tout cela à la fois en changeant de système
de retraite.
Lorsque Macron affirme « pour un euro cotisé, chaque personne touchera le même montant de pension », il met en avant le système de comptes notionnels», c’est-à-dire virtuel. Cela reste de la répartition, puisque sur la même année, les recettes des cotisations paient les dépenses de pensions. Mais cela a déjà un goût de capitalisation, d’assurance, en alimentant un compte personnel pour plus tard. La pension devient le résultat de l’épargne individuelle pendant toute la vie active et non plus le prolongement du dernier salaire du fonctionnaire ou des meilleurs salaires du privé.
Le
principe du système de comptes notionnel
Un
compte virtuel est alimenté par les cotisations retraites sur les
salaires. Au moment du départ en retraite, ce compte détermine un
capital, divisé par le nombre d’années d’espérance de vie pour
calculer la pension annuelle, corrigée d’un coefficient annuel
afin de faire coïncider le montant des cotisations reçues à celui
des pensions versées. Macron ment en affirmant que pour un euro
versé, tout le monde touchera la même chose : cela peut être
vrai pour les personnes partant la même année, mais le coefficient
change chaque année, et l’espérance de vie varie aussi un peu.
Ce
calcul crée une première injustice, pour toucher plus pendant
l’ensemble de son temps de retraite, il vaut mieux avoir bénéficié
de meilleures conditions de travail et vivre plus longtemps, être
cadre plutôt qu’ouvrier dont l’espérance de vie reste
inférieure de 5,5 ans.
La
fin des solidarité
Ce
système met fin aux solidarités puisque qui ne cotise pas
n’alimente pas sa retraite. Il fait disparaître la majoration de
durée de cotisations pour le temps de maternité, l’éducation des
enfants, le chômage même indemnisé, la précarité et le temps
partiel… et la pension de réversion.
Cette
forte régression sociale a incité des pays à modifier les règles
pour maintenir un peu de solidarité, avec un abondement du capital
virtuel par l’État. Pour la réversion, le ou la retraité-e a le
choix entre toucher toute sa pension ou accepter d’en avoir moins
pour que le veuf ou la veuve ait droit à une réversion.
Mais
Macron n’envisage pas ces rustines au système, il applique
strictement le système de comptes notionnels en précisant que la
même pension sera touchée pour un euro cotisé.
Les
inégalités accrue
Le
calcul de la pension n’est plus effectué sur le dernier salaire ou
les meilleures années, en éliminant les plus mauvaises, mais sur
l’ensemble de la carrière, ce qui pénalise les précaires, les
personnes ayant connu de mauvaises années, du temps partiel imposé…
Ce système prolonge et amplifie les inégalités de la vie active.
La
baisse des pensions
Le
calcul sur toutes les années de la carrière prend en compte les
premières années de travail, très souvent inférieures aux
suivantes, ce qui tire vers le bas la pension. Macron ment en
affirmant qu’il ne touchera pas au niveau des pensions, le
changement de règles de calcul aboutit mathématiquement à une
diminution.
De
plus, dans une période où les papy boomers sont encore vivants, le
nombre de pensions augmente et l’équilibre financier n’est
possible qu’en baissant chaque pension.
Cette
baisse incite à reculer l'âge de départ : lorsque le
futur retraité encore en emploi verra la faible pension attribuée
en cas de départ dans l’année, il repoussera spontanément son
départ en retraite, d’autant plus que son espérance de vie en
retraite va baisser, ce qui augmentera sa pension annuelle.
Il
n’est plus possible de connaître sa pension à l’avance
Le
système actuel de la retraite de base permet de calculer sa pension,
dépendant du salaire pris en compte et de la probable durée de
cotisation, c’est un système dit « à prestations
définies ». Le système Macron est « à cotisations
définies » : les cotisations sont fixées une fois pour
toute et la variable d’ajustement pour équilibrer les comptes est
le montant total des pensions. Pour déterminer le montant de sa
pension, il faudrait connaître à l’avance le coefficient qui
équilibre les recettes des cotisations et les dépenses des
pensions, ainsi que l’espérance de vie de l’année.
Macron
veut réaliser le rêve du patronat et des financiers :
la
pension semble dépendre d’un calcul mathématique d’équilibre
automatique des comptes des retraites,
cela
prive d’objectif revendicatif sur l’âge de départ
et
l’augmentation des cotisations.
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