vendredi 7 avril 2017

[Charente] Nous préférons la clarté à l'opportunisme


Clarté

En Charente, comme ailleurs, une question taraude certains militants. Ainsi, l’un de nos lecteurs :
« Si Mélenchon continue à refuser le ralliement des autres forces de la vraie gauche, j’arrêterai de le soutenir et ferai partie du plus grand parti de France (les abstentionnistes insoumis pour ma part ) »

La question, profondément politique, mérite une réponse détaillée. Tentative...

Ralliements ?
Commençons par balayer les évidences. La première d'entre elles est également la plus définitive. Il n'y aura pas de désistement de Jean-Luc Mélenchon ou Benoît Hamon au profit de l'un ou l'autre et ce pour une raison simple et imparable : ce n'est plus en leur pouvoir !
En effet, depuis la validation des candidatures par le conseil constitutionnel, un candidat ne peut plus se retirer de l’élection. Quoi qu'il arrive, l'état imprimera des bulletins et les mettra partout a disposition des citoyen-ne-s.
Benoît Hamon quant à lui n'a jamais proposé de rallier Mélenchon. Il lui a au contraire demandé de se désister en sa faveur. Benoît Hamon estime que sa candidature est la seule à même de rassembler. On mesure aujourd'hui à quel point cette affirmation est présomptueuse... Il faut noter à ce sujet que les militants de l'unité à gauche n'ont généralement pas relevé ce fait, préférant s'en prendre aux égo, et tout spécialement à celui de Jean-Luc Mélenchon, jugé responsable de la désunion.

Enfin, le PCF soutient la candidature de Jean-Luc Mélenchon, qui s'est dit reconnaissant, mais sur la base de son propre programme. Là encore, il ne s'agit en rien d'un ralliement, et il n'y a rien à refuser. Il s'agit d'un choix souverain des militants communistes qui ont effectivement tous les droits pour agir suivant leur conscience. Ils ont donc opté pour une position dont la sinuosité restera dans les annales de l’herpétologie : soutenir la candidature de l'individu mais sur un autre programme, tout en l'appelant à s'unir avec Benoît Hamon, c'est à dire à se désister ! Comprenne qui pourra...
Ajoutons pour être juste que depuis le débat du 20 mars et le renforcement de la dynamique de Jean-Luc Mélenchon, les appels à l’unité se font moins pressants de la part du PCF.
Heureusement, de nombreux communistes ont fait le choix de nous rejoindre dans la France Insoumise. Partout où ils se trouvent, leur expérience et leur dynamisme en font des camarades plus que précieux. Par exemple, à côté de chez nous, les Deux-sèvres Insoumises sont construites autour du PCF, qui connaît depuis dans ce département des records de nouvelles adhésions, ce dont nous ne pouvons que nous réjouir.

Coup de balai
Au final, parler de ralliement n’est pas la bonne façon de prendre la question. Le but de la France Insoumise est au contraire de laisser derrière cette forme ancienne et massivement discréditée d’accrétion des forces politiques au profit d’un cadre à la fois plus souple plus clair.
Notre candidat, celui qui nous rassemble, c'est notre programme L'Avenir en Commun, celui de la Sixième République écologique, démocratique, sociale, féministe et solidaire. Tous les rassemblements sur la base de ce programme sont les très bienvenus. D'ailleurs, du moment qu’ils ou elles s’engagent sur L'Avenir en Commun, même les membres du PS peuvent y être accueillis. Quel droit aurions-nous d’ailleurs de les refuser ? L’adhésion (y compris critique) au programme et le soutien à la candidature de son porte-parole sont les seules conditions nécessaires pour devenir de droit un membre de la France Insoumise, à égalité avec tous les autres, encartés ou non. On touche là à la raison profonde de l’existence de la France Insoumise : dépasser les anciennes ou actuelles appartenances pour se mettre au service d’un mouvement citoyen fédérant les masses populaires conscientes et agissantes.
Par contre, la France Insoumise ne peut pas se permettre les tractations d'appareils, les arrangements boutiquiers, tels que la Cinquième République aujourd’hui crépusculaire en a tant connu. Ceci pour une raison simple : la France Insoumise est d'abord le débouché politique offert à une insurrection populaire latante dont la principale force motrice est le "dégagisme". Le but de la France Insoumise étant de lui offrir une issue positive, progressiste. Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si notre principal adversaire se trouve être le dernier rejeton d’une famille politique historiquement construite sur ce même "dégagisme" : l’extrême-droite fasciste. C'est là le fond de l'analyse portée par notre candidat dans "l'Ère du peuple", fondé notamment sur le concept du choc entre populisme de gauche et populisme de droite, appuyé notamment sur les idées de Chantal Mouffe et Ernesto Laclau.
La meilleure preuve que nous avons vu juste ? C’est la dynamique très positive suscitée par la France Insoumise en dépit du refus de la primaire ou des tractations avec le PS. D’ailleurs, même nos adversaires ont pris acte du « dégagisme ». Ainsi, même les candidats les plus issus du système de la Cinquième République finissante, tentent désespérément et assez comiquement de repeindre leurs façades en "révolutionnaires" anti-système (ainsi Macron et même Fillon). Les plus purs produits du système essaient de passer pour des pirates ! C’est bien que la maison brûle…

Exigence
Il y a une exigence conséquente au constat du « dégagisme » et à la construction d’un mouvement citoyen chargé d’en faire une force positive. La France Insoumise ne peut se contenter de prétendre. Elle doit être.
Si la France Insoumise, fut-ce localement, se dédit d'elle-même, renonce à sa sève, à sa raison d'être, à incarner radicalement le coup de balai, alors elle n'est en rien utile et son échec sera cuisant. Nous ne pouvons pas vaincre le système en comptant sur les seules couches très politisées de la société (celles-là mêmes qui sont les plus ardentes supportrices de l'unité de la gauche). Elles ne sont pas assez nombreuses, et sont largement acquises au néolibéralisme qui, de fait, les avantage.
Le rapport de force dans ce secteur de la population nous est défavorable. Il est donc crucial, central, indispensable de rallier les abstentionnistes. Et, désolé de reprendre une formule toute faite, mais nous ne pouvons espérer attirer les dégoûtés avec des dégoûtants. Il y a dans cette formule simple une vérité profonde et puissante que nous devons prendre en compte.
De ce point de vue, la relation locale avec les anciens partenaires du Front De Gauche qui n’ont pas renoncé à leur approche partidaire sont périlleuses. Ils nous ont donné de nombreux signes de leur volonté de lier leur destin à celui de politiciens issus de la technostructure du PS. Ils estiment que c'est la seule possibilité pour être élus, ce qui reste leur objectif prioritaire. À la fois pour faire vivre leur parti, mais aussi pour essayer d’avoir des élus « de combat » à l’intérieur du système.
Nous pouvons comprendre ce calcul, mais nous ne pouvons y souscrire ou même donner l’impression de le faire. Car aussitôt, nous serions pris dans des tractations politiciennes (« je te laisse cette circonscription, si tu me donnes celle-ci ») et serions rapidement amenés à devoir déjuger notre programme, au profit du fameux pacte de gouvernement réclamé par le PCF. Et tout cela pour des places ! Nous aurions ainsi mis les doigts dans la Cinquième République et ne serions plus légitimes à prétendre la renverser.
Voilà pourquoi il faut impérativement que nos relations avec les anciens partenaires du Front de Gauche soient au grand jour et en toute clarté quant à la ligne politique. La France Insoumise ne peut soutenir des candidats qui ne s'engagent pas sur son programme et même s'escriment contre par bien des aspect (nucléaire, Union Européenne). Voire, qui cherchent à nous imposer des alliances électoralistes avec les responsables du précédent quinquennat. Si nous assumions ces contradictions, quand bien même elles seraient électoralement bénéfiques ici ou là, alors nous porterions un rude coup à notre lutte et à la confiance populaire que la campagne nationale a su gagner.

Notre responsabilité serait historique. Acceptant une certaine compromission, nous éteindrions pour longtemps la flamme d'un espoir progressiste et humaniste. Alors, nous aurions laissé le champ libre au FN qui, seul à ce moment, incarnera la rupture avec l'ancien régime.
Amitiés Insoumises
Grégoire Feybesse
(Candidat suppléant de la deuxième circonscription)

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