Clarté
En
Charente, comme ailleurs, une question taraude certains militants.
Ainsi, l’un de nos lecteurs :
« Si
Mélenchon continue à refuser le ralliement des autres forces de la
vraie gauche, j’arrêterai de le soutenir et ferai partie du plus
grand parti de France (les abstentionnistes insoumis pour ma part ) »
La
question, profondément politique, mérite une réponse détaillée.
Tentative...
Ralliements ?
Commençons
par balayer les évidences. La première d'entre elles est également
la plus définitive. Il n'y aura pas de désistement de Jean-Luc Mélenchon ou Benoît
Hamon au profit de l'un ou l'autre et ce pour une raison simple et
imparable : ce n'est plus en leur pouvoir !
En
effet, depuis la validation des candidatures par le conseil
constitutionnel, un candidat ne peut plus se retirer de l’élection.
Quoi qu'il arrive, l'état imprimera des bulletins et les mettra
partout a disposition des citoyen-ne-s.
Benoît
Hamon
quant à lui n'a jamais proposé de rallier Mélenchon. Il lui a au
contraire demandé de se désister en sa faveur. Benoît
Hamon
estime que sa candidature est la seule à même de rassembler. On
mesure aujourd'hui à quel point cette affirmation est
présomptueuse... Il faut noter à ce sujet que les militants de
l'unité à gauche n'ont généralement pas relevé ce fait,
préférant s'en prendre aux égo, et tout spécialement à celui de
Jean-Luc
Mélenchon,
jugé responsable de la désunion.
Enfin,
le PCF
soutient la candidature de Jean-Luc
Mélenchon, qui
s'est dit reconnaissant, mais sur la base de son propre programme. Là
encore, il ne s'agit en rien d'un ralliement, et il n'y a rien à
refuser. Il s'agit d'un choix souverain des militants communistes qui
ont effectivement tous les droits pour agir suivant leur conscience.
Ils ont donc opté pour une position dont la sinuosité restera dans
les annales de l’herpétologie : soutenir la candidature de
l'individu mais sur un autre programme, tout en l'appelant à s'unir
avec Benoît
Hamon,
c'est à dire à se désister ! Comprenne qui pourra...
Ajoutons
pour être juste que depuis le débat du 20 mars et le renforcement
de la dynamique de Jean-Luc
Mélenchon,
les appels à l’unité se font moins pressants de la part du PCF.
Heureusement,
de nombreux communistes ont fait le choix de nous rejoindre dans la
France
Insoumise.
Partout où ils se trouvent, leur expérience et leur dynamisme en
font des camarades plus que précieux. Par exemple, à côté de chez
nous, les Deux-sèvres
Insoumises
sont construites autour du PCF,
qui connaît depuis dans ce département des records de nouvelles
adhésions, ce dont nous ne pouvons que nous réjouir.
Coup
de balai
Notre
candidat, celui qui nous rassemble, c'est notre programme L'Avenir
en Commun, celui de la Sixième République écologique,
démocratique, sociale, féministe et solidaire. Tous les
rassemblements sur la base de ce programme sont les très bienvenus.
D'ailleurs, du moment qu’ils ou elles s’engagent sur L'Avenir
en Commun,
même les membres du PS
peuvent y être accueillis. Quel droit aurions-nous
d’ailleurs de les refuser ? L’adhésion (y compris critique)
au programme et le soutien à la candidature de son porte-parole
sont les seules conditions nécessaires pour devenir de droit un
membre de la France Insoumise, à égalité avec tous les autres,
encartés ou non. On touche là à la raison profonde de l’existence
de la France Insoumise : dépasser les anciennes
ou actuelles appartenances pour se mettre au service d’un mouvement
citoyen fédérant les masses populaires conscientes et agissantes.
La
meilleure preuve que nous avons vu juste ? C’est la dynamique
très positive suscitée par la France Insoumise en
dépit du refus de la primaire ou des tractations avec le PS.
D’ailleurs, même nos adversaires ont pris acte du « dégagisme ».
Ainsi, même les candidats les plus issus du système de la Cinquième
République finissante, tentent désespérément et assez comiquement
de repeindre leurs façades en "révolutionnaires"
anti-système (ainsi Macron et même Fillon). Les plus
purs produits du système essaient de passer pour des pirates !
C’est bien que la maison brûle…
Exigence
Il
y a une exigence conséquente au constat du « dégagisme »
et à la construction d’un mouvement citoyen chargé d’en faire
une force positive. La France Insoumise ne peut se
contenter de prétendre. Elle doit être.
Si
la France Insoumise, fut-ce localement, se dédit d'elle-même,
renonce à sa sève, à sa raison d'être, à incarner radicalement
le coup de balai, alors elle n'est en rien utile et son échec sera
cuisant. Nous ne pouvons pas vaincre le système en comptant sur les
seules couches très politisées de la société (celles-là mêmes
qui sont les plus ardentes supportrices de l'unité de la gauche).
Elles ne sont pas assez nombreuses, et sont largement acquises au
néolibéralisme qui, de fait, les avantage.
Le
rapport de force dans ce secteur de la population nous est
défavorable. Il est donc crucial, central, indispensable de rallier
les abstentionnistes. Et, désolé de reprendre une formule toute
faite, mais nous ne pouvons espérer attirer les dégoûtés avec des
dégoûtants. Il y a dans cette formule simple une vérité profonde
et puissante que nous devons prendre en compte.
De
ce point de vue, la relation locale avec les anciens partenaires du
Front De Gauche qui n’ont pas renoncé à leur approche
partidaire sont périlleuses. Ils nous ont donné de nombreux signes
de leur volonté de lier leur destin à celui de politiciens issus de
la technostructure du PS. Ils estiment que c'est la seule
possibilité pour être élus, ce qui reste leur objectif
prioritaire. À la fois pour faire vivre leur parti, mais aussi pour
essayer d’avoir des élus « de combat » à l’intérieur
du système.
Nous
pouvons comprendre ce calcul, mais nous ne pouvons y souscrire ou
même donner l’impression de le faire. Car aussitôt, nous serions
pris dans des tractations politiciennes (« je te laisse
cette circonscription, si tu me donnes celle-ci ») et
serions rapidement amenés à devoir déjuger notre programme, au
profit du fameux pacte de gouvernement réclamé par le PCF.
Et tout cela pour des places ! Nous aurions ainsi mis les doigts
dans la Cinquième République et ne serions plus légitimes à
prétendre la renverser.
Voilà
pourquoi il faut impérativement que nos relations avec les anciens
partenaires du Front de Gauche soient au grand jour et en
toute clarté quant à la ligne politique. La France Insoumise
ne peut soutenir des candidats qui ne s'engagent pas sur son
programme et même s'escriment contre par bien des aspect (nucléaire,
Union Européenne). Voire, qui cherchent à nous imposer des
alliances électoralistes avec les responsables du précédent
quinquennat. Si nous assumions ces contradictions, quand bien même
elles seraient électoralement bénéfiques ici ou là, alors nous
porterions un rude coup à notre lutte et à la confiance populaire
que la campagne nationale a su gagner.
Notre responsabilité serait historique. Acceptant une certaine compromission, nous éteindrions pour longtemps la flamme d'un espoir progressiste et humaniste. Alors, nous aurions laissé le champ libre au FN qui, seul à ce moment, incarnera la rupture avec l'ancien régime.
Amitiés
Insoumises
Grégoire
Feybesse
(Candidat
suppléant de la deuxième circonscription)
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